L’Afrique a tout à craindre du réchauffement climatique

L’Afrique a tout à craindre du réchauffement climatique

Les pays africains sont parmi les plus fragiles face au dérèglement climatique. Déficit pluviométrique, sécheresse extrême et risques d’inondations sont à craindre, prévient l’Agence française de développement.

Si l’Afrique contribue de façon marginale aux émissions de gaz à effet de serre, elle n’en subit pas moins les conséquences du réchauffement climatique. Hausse des températures, sécheresses, érosion des côtes, risque d’affaissement des sols et inondations : les défis climatiques du continent sont immenses.

« Sur le plan de la sécheresse extrême, l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud sont les régions les plus exposées », observe Marie-Noëlle Woillez, en charge des questions climatiques à l’Agence française de développement (AFD).

Entre 1960 et 2018, le Maroc a ainsi subi une réduction de 20 % de ses précipitations. Le taux de remplissage des barrages est passé d’un peu plus de 60 % en 2018 à moins de 30 % l’an passé. « Si la population dispose de 600 mètres cubes d’eau par personne, à horizon 2050, le niveau pourrait être abaissé à 350 », craint-elle.

Stress hydrique au Maghreb

Outre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie sont confrontés à la même problématique de la raréfaction de l’eau. « Les ressources en eau renouvelable superficielle et souterraine sont déjà en moyenne en dessous ou proches du seuil de pénurie absolue, fixé à 500 mètres cubes par personne », indique l’AFD dans son ouvrage « l’Economie africaine 2023 » paru récemment. Les projections de croissance démographique (+ 22 % pour le Maroc, + 40 % pour l’Algérie et + 16 % pour la Tunisie à horizon 2050, selon les Nations unies) risquent d’aggraver la situation.

Températures mortelles

A ce stress hydrique va s’ajouter l’augmentation des températures extrêmes. En Afrique de l’Ouest par exemple, le nombre de jours avec une température supérieure à 40,6 degrés pourrait plus que doubler pour passer d’environ 60 jours par an constatés entre 1985 et 2005 à une fourchette de 105 à 196 jours d’ici à la fin du siècle, avance l’AFD.

Selon les scénarios climatiques en vigueur, une hausse de la température terrestre de 4,3 degrés serait catastrophique pour l’ensemble des pays riverains du golfe de Guinée, où le nombre de jours de chaleur potentiellement mortelle pourrait s’établir entre 250 et 350 jours an. « Certaines régions risquent de devenir inhospitalières pour les populations humaines dans le courant du siècle pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Nigeria », relate l’AFD.

Fragilité des côtes

A ces dégâts s’ajoutent les risques posés par la surélévation du niveau de la mer. Ce dernier a déjà augmenté de 20 centimètres. Les prévisions du GIEC évoquent une montée de 50 centimètres à un mètre d’ici à 2100. Si tel devait être le cas, le Nigeria, l’Egypte, l’Angola et le Mozambique notamment, subiront non seulement une érosion de leurs côtes mais également un risque d’inondations.

« La situation est particulièrement critique au niveau du delta du Nil et de Lagos, au Nigeria, où se rajoute un risque d’affaissement des sols », avertit Marie-Noëlle Woillez. Les évaluations les plus récentes du nombre de personnes vivant actuellement en zone littorale à moins de 2 mètres d’altitude se chiffrent en millions. Au Nigeria et en Egypte, plus de 10 millions d’habitants sont concernés. Ils sont plus de 2 millions au Cameroun. Face à ces défis climatiques, l’Afrique se révèle le continent le plus fragile. « Réduire les pressions anthropiques locales sera vital pour les prochaines années », alerte Marie-Noëlle Woillez. Les besoins d’adaptation vont aller croissant. Mais les flux financiers qui leur sont destinés sont aujourd’hui très en deçà de ce qui est nécessaire, analyse encore l’AFD.

Source : www.lesechos.fr

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