Genre : au Soudan du Sud, le long combat des femmes pour se faire une place en politique

Genre : au Soudan du Sud, le long combat des femmes pour se faire une place en politique
Alors que l’accord de paix de 2018 prévoit que 35 % des postes ministériels soient occupés par des femmes, celles-ci ne sont que 9 sur 34 dans le nouveau gouvernement.

Conférences, célébrations, débats parfois houleux dans les médias et sur les réseaux sociaux… Au Soudan du Sud, la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, et l’actualité institutionnelle du pays se sont avérées propices aux discussions sur la place des femmes dans la société et sur leur participation en politique.

Le pays met actuellement en œuvre un accord de paix pour sortir du conflit qui a éclaté en décembre 2013 entre les partisans du président, Salva Kiir, et ceux de son vice-président, Riek Machar. Cet accord, signé en 2018 après l’échec d’un premier accord en 2016, prévoit notamment que 35 % des postes gouvernementaux soient occupés par des femmes, à tous les niveaux de l’Etat. Ce quota, fruit de la persévérance des associations de femmes pour se faire une place au sein du processus de paix, est la mesure la plus progressiste que le pays ait connue à ce jour… mais sa mise en œuvre n’est pas assurée.

Jeudi 12 mars, les nominations aux postes ministériels ont en effet été annoncées, plus de deux semaines après l’intronisation des cinq vice-présidents (dont une femme), première étape dans la formation d’un gouvernement d’unité nationale et de transition censé diriger le pays pendant trois ans, jusqu’à la tenue d’élections. Et parmi les 34 ministres nommés, 9 seulement sont des femmes, soit à peine 26 %. Seule consolation : certains postes habituellement occupés par des hommes ont été octroyés à des femmes. Angelina Teny, figure de l’opposition et épouse de Riek Machar, a ainsi été nommée ministre de la défense.

Du scotch sur la bouche

Alors que le Soudan du Sud s’engage dans une transition semée d’embûches pour mettre un terme à la guerre civile qui a fait près de 400 000 morts et 4 millions de déplacés, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour rappeler que la participation des femmes est cruciale.

Fin janvier, la plateforme « Born to Lead » a publié un rapport sur le rôle des femmes dans les processus de paix depuis la seconde guerre civile soudanaise (1983-2005). Il pointe le fait qu’en dépit des « efforts considérables des femmes sud-soudanaises pour parvenir à la paix à travers l’histoire conflictuelle de leur pays, leurs contributions ont été sous-reconnues et sous-documentées ». En outre, selon des études menées par les Nations unies et citées dans ce rapport, « les données montrent que la participation des femmes dans les processus de paix augmente les chances d’atteindre un accord et que la paix qui en résulte est plus durable ».

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