Congo Brazzaville : orpaillage et désastre écologique à Sangha, au nord du pays
Dans la région de la Sangha, au nord du Congo Brazzaville, l’exploitation illégale de l’or et du titanium, engendre la pollution, la déforestation et la destruction de la biodiversité. Les riverains expriment leurs désarrois dans un rapport d’enquête publié en avril 2020 par Marien Nzikou-Massala, journaliste congolais.
La région de la Sangha, dans le nord de la République du Congo, est depuis une dizaine d’années, le théâtre de crimes environnementaux, causés par une exploitation minière semi-industrielle. Cette exploitation basée sur une utilisation excessive du mercure pour extraire plus facilement l’or se traduit par des pertes croissantes du couvert forestier, la dégradation des cours d’eau et la destruction de la biodiversité. Ces impacts environnementaux ont été consignés dans un rapport textuel accompagné de photos et publié le 14 avril 2020 par Marien Nzikou-Massala, un journaliste congolais, spécialiste des questions environnementales.
« Nous n’avons plus des ruisseaux où puiser de l’eau à boire. Ces sociétés chinoises utilisent le mercure pour l’extraction de l’or et aucune mesure n’a été prise pour la survie des habitants de nos villages. Les communautés sont obligées de parcourir cinq à six kilomètres en forêt pour avoir de l’eau à boire », s’indigne Michel Dogom, chef du village Zoulabouth. L’autorité traditionnelle affirme que plus d’une dizaine de sociétés chinoises opèrent dans ce village constitué d’environ 2000 âmes. Lesquels sont victimes de l’accaparement de leurs terres et de la destruction de leurs sites ancestraux, dans lesquels se trouvaient les arbres fruitiers (manguiers, Safoutiers, avocatiers…).
Le non-respect de l’article 50 du code minier
Pour les autochtones de la Sangha, c’est le non-respect du code minier qui est à l’origine des désastres environnementaux dans leur région. En effet, l’article 50 dudit code en son alinéa 11 soumet toute activité minière à l’établissement préalable « (…) une étude d’impact sur l’environnement incluant un programme de protection de l’environnement et un schéma de réhabilitation des sites ».
En novembre 2016, le ministère congolais des Mines avait pourtant suspendu via une note, l’ensemble des permis d’exploitation semi-industrielle dans le pays pour « non-déclaration de production et destruction de l’environnement ». Une mesure qualifiée de tape à l’œil par la société civile congolaise. « L’interdiction est juste un moyen d’améliorer l’image du pays vis-à-vis de la communauté internationale » a déclaré Bertrand Niamazok, membre de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), qui avait remarqué la poursuite sur le terrain, de ces mêmes pratiques minières illégales.
Dans une vidéo publiée en novembre 2018, l’OCDH avait déjà attiré l’attention du gouvernement sur les dégâts environnementaux causés par l’exploitation minière dans le nord du Congo. « Les entreprises déversent du carburant dans le cours d’eau qui traverse Souanké, ces produits assèchent la rivière qui n’existe presque plus désormais, il n’y a plus de poissons. C’est une catastrophe écologique ».
Selon une étude publiée le 25 juillet 2019 par la plateforme congolaise de suivi des forêts, le pays d’Afrique centrale a perdu plus de 30 000 hectares de son couvert forestier entre 2014 et 2016. Soit une perte annuelle de 15 000 hectares. Une déforestation attribuée principalement à la ruée des sociétés minières chinoises.
Source : www.afrik21.africa