L’Allemagne veut porter le développement de l’éolien offshore en Europe
Alors que la Commission européenne présente sa nouvelle stratégie industrielle ce mardi 10 mars, elle planche également sur la promotion de parcs éoliens en mer. Un domaine dans lequel Berlin entend progresser rapidement.
C’est en octobre prochain que l’exécutif européen doit faire connaître sa stratégie pour développer les fermes éoliennes en mer. Euractiv en a obtenu confirmation par un fonctionnaires de la direction générale des affaires maritimes et de la pêche (MARE) de la Commission.
À Berlin, le gouvernement attend les propositions de Bruxelles afin que le Conseil de l’UE, qui sera présidé par l’Allemagne durant le second semestre 2020, puisse prendre position sur le document avant la fin du mois de décembre, lorsque le pays devra passer la main.
L’extension des parcs éoliens maritimes constitue l’une des priorités de l’Allemagne pour promouvoir les énergies renouvelables. Berlin entend profiter de sa présidence de l’UE, ainsi que de sa présidence de la Coopération mer du Nord cette année, pour établir, avant la fin de l’année, un cadre international pour la construction de fermes éoliennes.
« Nous voulons créer un cadre européen qui nous permette de sécuriser la planification », a indiqué un fonctionnaire du ministère allemand de l’Économie et de la technologie lors d’une conférence de l’Association fédérale des exploitants de parcs éoliens offshore à Berlin, le 4 mars.
L’énergie éolienne en mer devrait être multipliée par cinq au sein de l’UE
La production d’électricité offshore suscite de grands espoirs : selon l’Agence européenne de l’énergie, elle pourrait devenir la plus importante source d’énergie en Europe d’ici au début des années 2040.
Selon les estimations de la Commission, l’UE devrait produire entre 230 et 450 GW d’énergie éolienne en mer d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs fixés dans le Green deal européen – un volume considérable par rapport aux 22 GW actuellement produits dans les eaux européennes.
En novembre, l’organisation sectorielle WindEurope a présenté une étude sur la manière dont une telle expansion pourrait prendre forme. Selon le document, la capacité éolienne offshore devrait augmenter de 7 GW par an jusqu’en 2030, et de 18 GW par an par la suite.
« Pour y parvenir, nous allons cependant devoir approcher différemment la planification de l’espace maritime. Les zones aquatiques doivent pouvoir faire l’objet d’usages multiples », a souligné Giles Dickson, le président de WindEurope.
Actuellement, les surfaces pour les parcs éoliens potentiels sont limitées car de nombreuses zones sont réservées à la pêche ou interdites pour des raisons militaires ou pour préserver la nature.
Mais si davantage de zones maritimes ne sont pas mises à disposition, l’Europe ne pourra construire que 112 GW d’éoliennes offshore au lieu de 450, prévient l’association professionnelle.
Selon WindEurope, l’Allemagne pourrait produire 36 GW d’énergie éolienne en mer. L’industrie éolienne allemande est cependant persuadée qu’il fondra monter à plus de 50 GW pour compenser l’élimination progressive du charbon et pour exploiter le potentiel de l’hydrogène vert dans le pays.
L’Allemagne affiche donc des ambitions élevées en matière de parcs éoliens maritimes. Cet année, l’objectif national d’expansion pour 2030 doit être porté de 15 à 20 GW. Actuellement, l’Allemagne compte 1 469 éoliennes en mer, qui produisent environ 7,5 GW d’électricité.
Les États membres planchent sur des plans de parcs éoliens d’ici à 2030
« Les objectifs du Green Deal en matière d’énergie offshore sont extrêmement ambitieux, mais ils constituent également une opportunité industrielle pour l’Allemagne », a souligné le fonctionnaire du ministère allemand de l’Économie et de la technologie. Pour exploiter pleinement le potentiel offert par l’éolien offshore, l’Allemagne doit cependant « regarder au-delà de ses frontières nationales », a-t-il poursuivi.
Des discussions avec la Pologne sont déjà en cours pour promouvoir des projets offshore communs en mer Baltique, a-t-il indiqué à titre d’exemple.
En mer du Nord, l’Allemagne fait déjà partie du premier parc éolien transfrontalier du monde. Baltic 2, également connu sous le nom de Kriegers Flak, est une association de trois parcs éoliens d’une capacité combinée de 600 MW. Les turbines sont reliées aux réseaux électriques allemand et danois par un câble électrique sous-marin, qui s’étendra bientôt jusqu’à la Suède.
Il n’existe cependant toujours aucun cadre réglementaire à l’échelle de l’UE pour les projets communs de ce type.
Certaines questions, telles que la clé de répartition des coûts élevés de connexion sur les territoires concernés ou la responsabilité des opérateurs de réseaux nationaux, restent sans réponse.
La stratégie offshore de la Commission n’apportera probablement pas de réponses claires à toutes ces questions, selon le fonctionnaire de la DG MARE. Mais elle devrait tout de même fournir une base à la Commission pour favoriser l’adoption de mesures législatives destinées aux parcs éoliens internationaux.
La feuille de route devrait également encourager les États membres de l’UE à envisager l’aménagement du territoire selon une perspective transnationale, lorsqu’il s’agit de projets d’éoliennes offshore. Ces derniers travaillent actuellement sur leurs plans d’aménagement de l’espace maritime jusqu’en 2030, dans lesquels ils définissent les projets offshore qu’ils souhaitent réaliser.
Lorsque les plans nationaux lui auront été remis – en théorie avant mars 2021 – la Commission aura un an pour les comparer aux plans nationaux énergie-climat et aux nouveaux objectifs climatiques de l’UE pour 2030.
L’objectif est d’optimiser l’aménagement du territoire et le partage des coûts entre les pays afin que l’Europe ait une chance d’atteindre une capacité éolienne offshore de 450 GW d’ici à 2050.
Un article d’Euractiv Allemagne.